Le séjour à Wulingyuan nous aura permis de reprendre contact avec la Nature, et c’est avec un sentiment d’appréhension que nous envisageons la montée en train vers Pékin.
Notre premier séjour à Pékin nous l’avait appris, il est très difficile de circuler en train dans le pays si l’on ne s’y prend pas en avance. Les gares sont en effet prises d’assaut dès la mise en vente des billets (généralement 2 semaines avant le départ), et il s’agit d’être suffisamment rapide pour repartir avec le précieux sésame.
Si vous êtes un lecteur assidu de notre blog, vous n’êtes pas sans savoir qu’il existe 4 types de confort :
- Des couchettes molles (ruanwo), assez onéreuses et réservées aux plus riches
- Des couchettes dures (yingwo), moins chères et donc très demandées
- Des sièges mous (ruanzuo), idéaux pour les courtes distances
- Des sièges durs (yingzuo), les moins chers et donc réservés aux plus démunis
La ville de Wulingyuan ne disposant pas de gare, c’est par téléphone que nous choisissons de vérifier la disponibilité des places. Le personnel de l’hôtel nous informe bientôt qu’il ne reste plus aucune place de libre avant plusieurs semaines, hormis des sièges durs.
Il faut savoir qu’il y a 27 heures de train entre Zhangjiajie et Pékin, et pour une telle distance nous aurions aspiré à un minimum de confort.
Mais les faits sont là, nous sommes contraints d’accepter si nous souhaitons rejoindre la capitale dans les temps. Le bon côté des choses, c’est que le billet est à 226 yuans (un peu plus de 20€). Quand on voit les prix de la SNCF en France pour un pauvre Lille-Paris, le fossé est net !
Il s’agit par ailleurs d’une expérience incontournable si l’on souhaite découvrir le pays, sans compter que nous aurons une bonne petite anecdote à raconter…
Nous quittons Wulingyuan depuis la gare routière par laquelle nous étions arrivés, direction donc la gare de Zhangjiajie City.
Zhangjiajie – Pékin
Celle-ci semble tout aussi moderne que celle que Guangzhou, et nous rejoignons la foule de voyageurs attendant le départ, prévu pour 18h30.
A l’ouverture des grilles, les chinois se précipitent dans le train comme pour être sûrs d’avoir leur place.
De notre côté, nous sommes assis sur un banc pour 3 personnes faisant face à un autre banc, et séparés par une minuscule table. Les sièges en bois sont effectivement ce à quoi nous nous attendions, simplement recouverts d’une fine couverture.
Nous comprenons d’emblée pourquoi nous avons eu tant de mal à nous procurer des places, le nombre de billets vendus étant supérieur au nombre de places disponibles… Nombre de personnes resteront en effet debout pour toute la durée du voyage, et ne pourront s’asseoir brièvement que lorsqu’une autre personne se rendra aux toilettes…
Nous sympathisons très vite avec nos voisins, un couple de quinquagénaires qui nous posera différentes questions sur la culture française et notre voyage en Chine. Grâce à eux, les premières heures de trajet passeront assez vite, laissant présager du meilleur pour la suite.
A 3h du matin néanmoins, ceux-ci arrivent à destination et libèrent donc la place pour d’autres personnes. Pendant ce temps impossible de fermer l’œil plus de 20 minutes étant donné le personnel qui passe entre les rangées en hurlant pour proposer à manger et à boire.
A défaut de dormir, nous optons donc pour un sachet de nouilles que l’on arrose d’eau bouillante et que l’on accompagne de sachets de viande au choix. Ce type de restauration rapide nous avait déjà bien dépanné à Guangzhou, et nous permettra ici de ne pas arriver complétement morts à Pékin.
Les heures se suivent et se ressemblent, voilà bientôt 15 heures que nous avons embarqué et la fatigue se fait sentir. Pour ne rien arranger, nous sommes maintenant accompagnés d’une vielle dame qui combinera à elle seule tous les clichés de la Chine profonde.
A plusieurs reprises elle se raclera la gorge bien bruyamment et accompagnera ce merveilleux tableau d’un festival de crachats verts sur le sol, innocemment nettoyés avec sa chaussure. Chaussures qu’elle finira par retirer pour poser ses petits petons malodorants à ma droite, savant mélange entre un rat mort depuis 2 semaines et du maroilles… Authenticité quand tu nous tiens !
Les dernières heures seront évidemment les plus longues, tentés que nous sommes de regarder notre montre toutes les 5 minutes. D’autant plus que dehors les paysages ne sont pas franchement reluisants pour la Chine, signe de la cannibalisation des campagnes et d’une urbanisation toujours plus rapide.
La seule forme d’animation viendra de la ronde des policiers dans les wagons, sans parler des quelques démonstrations de produits qui feraient pâlir Laurent Cabrol de Téléshopping.
27 heures, sans doute les plus longues de notre vie… Voilà le temps qu’aura mis ce train pour rallier la gare de Pékin Ouest (Běijīng Xī). Le personnel de bord aura fort à faire pour nettoyer les compartiments, mais nous lui faisons confiance pour ça !
De notre côté, la priorité est de rejoindre le centre-ville afin d’y passer la nuit. Pour cela, nous nous fondons dans la masse de voyageurs qui attendent un taxi à la sortie de la gare, heureux de pouvoir enfin nous dégourdir les jambes en cette heure tardive.
A l’instar de notre premier jour en Chine, le taxi aura du mal à trouver la rue de notre hôtel alors qu’il se trouve à proximité de la place Tian’anmen sur Meishi Street.
Il s’agit cette fois-ci du Qian Men Hostel, reputé pour être plus confortable et convivial que le Leo Hostel. Genghis Kane, le propriétaire de l’auberge, nous accueille dès la sortie du taxi et nous aide à transporter les bagages.
Le personnel d’accueil est jeune et se débrouille très bien en anglais. Le lieu est fidèle à sa réputation et semble être le repaire des voyageurs du monde entier. S’en dégage une atmosphère très agréable dans les salles de détente et la salle à manger, qui offre une diversité de plats appréciable.
Notre chambre n’est pas en reste puisqu’elle offre tout le confort auquel nous aspirions, autrement dit des lits pas trop durs et une douche !
De bonne augure donc pour cette semaine de visite qui s’annonce extrêmement chargée…
Joliement romancé ! Pour avoir passé seulement 8h dans les mêmes conditions entre Changsha et Guangzhou, je me sens petit joueur face à vos 27h !
Et au contraire, 20h de train Gzh-Pékin en couchette dures, ça passe tout seul.
L’épisode du crachat de la vieille dame m’a fait sourire. Je n’imaginais pas que (certains) Chinois étaient aussi peu regardants sur la bienséance.
Etonnant, cependant, de voir que la Chine en peut pas répondre à un tel flot de population par une capacité d’accueil plus grande dans ses transports ferroviaires. Je n’ai jamais visité ce pays mais tu livres ici quelques anecdotes bien sympathiques 🙂
Les remèdes pour régler la malpropreté (crachats, papiers, crottes des chiens) sont, de loin les plus éfficaces: les amendes. Avant les jeux olympiques de Beijing en 2008, c’était aussi dégolasse que les rues de nos grandes villes de Paris, Marseille, etc… avec nos crottes de chiens sur les trottoires. À paris, en se promenant, j’ai entendu un bruit sourd derrière moi, c’était ma femme qui venait de se cogner sur un poteau tout en prononçant des mots qui ne sont pas dans les dictionnaires. À Beijing, à Paris, à Marseille, etc… Les amendes ont amélioré beaucoup en bien la situation. Mais pas à 100%, car il y en a toujours des imbéciles qui ne comprendront jamais, donc des amendes, si les constables sont placés (e) aux bons endroits et au bon moment. Pour l’auteur, ce sera une expérience de plus dans sa vie. Souriez et soyez toujours de bonne humeur.
Je viens de faire le trajet Beijing-Shanhai en 4h avec une vitesse de 300 km/h j’étais en 2e classe, 450 RMB. Ultra moderne, spacieux, silencieux, stable comme un avion. Une chance que je n’avais pas vu quelqu’un crachait dans le train. En ville, comme dans le sud, il y en a encore de mal éduqués qui crachent, qui jettent leurs cochonneries n’importe oèu. Mais en général, c’est beaucoup mieux que Marseille. La Chine devient de plus en plus super moderne dans tous les domaines.
Ah les fameuses nouilles Chinoises au boeuf (le seul goût que je supporte). Tu as eu droit aux femmes de ménage qui réveillent pour nettoyer sous les sièges? Enfin comment est-ce possible qu’ils vendent plus de tickets qu’il n’y a de places, vu que les tickets sont numérotés? Je n’ai jamais eu de soucis à ce niveau.
A bientôt 🙂
PS: Cela t’intéresse un échange de liens et/ou d’articles avec mon blog?
Bonsoir,
Quelle épopée ce trajet, les heures ont dû paraître bien longues dans ces conditions !… Toutefois prendre les transports locaux est toujours une expérience enrichissante sur la culture d’un pays, non ?
Très bon article qui synthétise bien les voyages en train en Chine.
Chapeau d’avoir supporté 27h de train. Moi le max fut 08H et c’était assez.
Entre crachat, les WC sportif … les robinets d’eau chaude pour les nouilles et thé, les chinois qui nous fixent lors de tous nos faits et gestes et … une place assise vs une place debout (plus de places; pas le choix).
Cela fait d’excellents souvenirs et fous rire.
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